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samedi 4 octobre 2014

«Déclaration du 2 octobre 2014», pour se souvenir et honorer la mémoire des victimes du massacre du persil de 1937

A l'occasion de la 77ème anniversaire du massacre de 1937, où 30 000 haïtiens ont été assassinés par le régime sanguinaire de Trujillo, un groupe d'intellectuels de Ouanaminthe ont réuni pour réfléchir sur le mépris constaté, de la part des autorités et de la société civile, pour la mémoire de ces hommes, femmes et enfants lâchement assassinés en République dominicaine.

Ces intellectuels, dont parmi lesquels se trouvent des descendants de rescapés de cette génocide, ont réfléchi aussi sur un ensemble d'actions que l'Etat haïtien et des secteurs de la société civile doivent entreprendre.

Voici ci-dessous le texte de la déclaration.


DÉCLARATION DU 2 OCTOBRE 2014
Pour la Vérité et pour l’Histoire
Nous, hommes et femmes de la ville de Ouanaminthe, professionnels engagés dans une réflexion intellectuelle et citoyenne autour du symbolisme du 2 octobre, faisons en ce jour du jeudi 2 octobre 2014, cette Déclaration publique et solennelle.

Nous rappelons que le 2 octobre 1937, un massacre sanglant avait commencé sur la frontière dominicano-haïtienne, massacre planifié et exécuté par le régime fasciste du dictateur dominicain Raphael Leonidas Trujillo y Molina inspiré d’une idéologie haineuse, raciste et anti-haïtienne. Ce crime horrible coûta la vie à plus de 30 000 haïtiens : hommes, femmes et enfants, tués à l’arme blanche, horriblement mutilés et jetés sans humanité dans le cours de la rivière du Massacre qui sépare les villes haïtienne et dominicaine de Ouanaminthe et Dajabon. Cet acte abominable et inhumain constitue un crime contre l’humanité.

Nous constatons que l’État dominicain n’a jamais reconnu officiellement le génocide et n’a jamais présenté ses excuses à la nation haïtienne, aux victimes du drame, aux rescapés et à leurs descendants.

Nous regrettons que les différents gouvernements haïtiens n’aient jamais pris des mesures pour dénoncer le crime et honorer la mémoire des disparus.

Nous croyons, qu’en dépit des violences qui ont marqué leur histoire commune, il est important de promouvoir une culture de paix et d’entente entre les deux peuples qui partagent l’île d’Haïti.

En vertu de toutes ces considérations,
Nous demandons à l’État haïtien de consacrer le 2 octobre, Journée nationale du souvenir, en mémoire des victimes du massacre de 1937.

Nous demandons à la Mairie de Ouanaminthe de consacrer, par un acte solennel et public, le 2 octobre comme Journée communale du souvenir en mémoire des victimes du massacre de 1937.

Nous demandons aux universités, aux écoles, aux organisations de la société civile, aux associations et, aux églises d’engager chaque année autour de cette date des activités de souvenir en mémoire des victimes du massacre de 1937.

Nous demandons au gouvernement haïtien et aux collectivités territoriales locales de commencer des initiatives concrètes en vue de l’érection dans la commune de Ouanaminthe d’un Mémorial en souvenir des victimes.

Nous invitons les intellectuels de la commune, les leaders communautaires, les secteurs organisés de la société civile et tous ceux qui sont intéressés par notre démarche à se joindre à nous pour la création d’un Collectif du 2 octobre qui portera ce projet.

Le crime de 1937 est une douloureuse leçon d’histoire qui montre jusqu’où peut aller une idéologie fasciste. Les générations présentes et futures doivent se souvenir pour que la mémoire de ces femmes, de ces enfants et de ces hommes sacrifiés sur l’autel de la haine et du racisme, assassinés parce qu’ils étaient des haïtiens et des haïtiennes, fils et filles de Dessalines, ne tombe dans un oubli inacceptable.

La République ne saurait oublier ceux qui sont morts pour la patrie. La République ne saurait oublier ceux qui sont morts, abandonnés, trahis et vendus par leur propre gouvernement. Le pays leur doit une réparation morale et une reconnaissance éternelle. La nation ne doit jamais les oublier.
Ouanaminthe, le 2 octobre 2014.

Professeur Maismy-Mary Fleurant
Professeur Wiltone Elva
Professeur Jacxorne Arné
Professeure Marie-Claire Charles
Me Eliot Arvelo
Dr. Nicot Pierre
Professeur Lemoine Élie
Journaliste Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
Professeur Volvick Pierre
Révérend Père Jean Beauduis Joseph
Agronome Philomé Surfin.

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