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vendredi 18 août 2017

Ouanaminthe-Patronale 2017: La guerre de la visibilité

Un responsable du festival de la mairie s'adressant au public sur le stand de la mairie, le 14 août 2017 | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info
A la fête patronale de Ouanaminthe (commune frontalière du département du Nord-Est de la République d’Haïti), pour cette année 2017, les fêtards se comptaient par millier durant environ deux semaines et ceci jusqu’au 15 août, malgré une décroissance constatée au fil des années.

La présence de ces gens qui grouillaient à travers les rues du centre-ville et s’amusaient devant les stands aurait une valeur marchande pour les politiciens. Ce qui a poussé ces derniers à la discorde, dans leur démarche de visibilité personnelle, où ils ont  même frôlé la déraison.

Cette patronale célébrée officiellement le 15 est la fête de la commune Ouanaminthe et l’autorité administrative de cette commune est la mairie de Ouanaminthe.

Cependant, selon le maire titulaire, Démétrius Luma, l’administration municipale a été traitée en parent pauvre par le gouvernement central et méprisée par quasi tous les hauts placés, c’est-à-dire, les ministres et les parlementaires. Un point de vue partagé par nombre d’observateurs.

Le maire n’aurait reçu que le 14 août la confirmation du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) qu’un montant de 1 million 500 mille gourdes, sur un budget de 4 millions 800 mille gourdes serait viré sur le compte de l’administration communale. Selon Démétrius Luma, ce retard dans le décaissement est l’œuvre de ses détracteurs, pour la plupart, des membres de son parti, le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK).

Luma croit « Cette année, beaucoup plus d’argent est injecté au sein de la communauté, que les précédentes. Malgré tout, la mairie a dû contracter des dettes pour la réalisation de ses activités, soit l’assainissement du centre-ville, un  festival et un vin d’honneur ». Aucun support des sénateurs Ronald Larêche, Jacques Saveur Jean et Wanique Pierre, ni du député de la circonscription, Elisma Flovil.

Face à cette division et cette lutte pour la visibilité personnelle, on se souvient des collaborations de l’ancien sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé et l’ancien maire de Ouanaminthe Rony Pierre (deux opposants politiques), lors des patronales, pour mener des démarches auprès du MICT dans la perspective de financement du budget de la mairie.

Pour cette année 2017, pas moins de quatre festivals ont été réalisés à Ouanaminthe. La mairie était aux abords de la place Notre-Dame; la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI), à quelques pas de l’administration municipale ; le sénateur Ronald Larêche, dans la localité de Manquette, et les proches du président Jovenel Moïse et la délégation départementale se trouvaient dans la localité de Gaillard.

C’est sur le stand  de ces derniers, financé par le Ministère de la Planification  et de la Coopération Externe (MPCE) et délégation départementale que le chef de l’Etat, Jovenel Moïse a prononcé son discours, dans la soirée du 14 août, avant de visiter les prêtres de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption.

De son côté, le MPCE, dirigé par Aviol Fleurant, a aussi financé plusieurs autres activités sportives et culturelles organisées par des  particuliers.

Cette division entre les autorités serait motivée par l’envie de contrôler Ouanaminthe, la commune la plus importante du département du Nord-Est, en matière  électorale.

On a constaté aussi que les nombreuses affiches d’institutions privées, de ministres, du président de la République, de la Première Dame, des trois sénateurs du Nord-Est et du député de Ouanaminthe, entre autres, ont garni les rues du centre-ville.

Des affiches de "Bonne fête" à Ouanaminthe, tout près de la place Notre-Dame, le 14 août 2017 | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info

Dans la majorité des cas, la taille des caractères du nom de celui qui fait imprimer l’affiche montre que ces autorités et ces institutions cherchent à se mettre sous les projecteurs.

En dépit de l’implication des parlementaires et du ministre Aviol Fleurant, aucune coordination n’aurait été effectuée entre eux. Et, aucun support à la mairie.

De son côté, la présidence a été invitée formellement par la mairie, selon le maire Luma. Une invitation que Jovenel Moïse a ignorée malgré sa présence à Ouanaminthe dans la soirée du 14 août, la vieille de la célébration de la messe d’action de grâce à la paroisse Notre-Dame de l’Assomption de l’église catholique romaine.

Le 15 août, à l’occasion de la messe, le théâtre était à son comble quand un agent de sécurité de Martine Moïse, épouse du chef de l’Etat, a ordonné au  maire Démétrius Luma  de se dégager du siège où les responsables de protocole de la paroisse l’ont indiqué de s’asseoir. Par crainte de dérapage, le maire était obligé d’obtempérer aux injonctions de l’agent de sécurité.

Selon l’agent de sécurité, « Le dernier des quatre sièges officiels est réservé à la Première Dame », rapporte le maire Luma. Cependant, l’épouse de Jovenel Moïse ne s’est jamais présentée à Ouanaminthe ce 15 août.

Indigné, le maire titulaire de la commune abandonne la messe pour se réfugier dans les environs de la paroisse avant que le chef de la paroisse, le prêtre Stanley Casséus ait laissé son chœur pour aller solliciter au maire de regagner son siège. Ce qui a été fait après insistance du prêtre et conseils de quelques observateurs.

Pour convaincre le maire Luma qui s’apprêtait à accorder une interview aux journalistes, le prêtre a déclaré « En coordination avec le ministre Aviol Fleurant, j’ai fait mettre quatre sièges officiels. Ils sont réservés aux deux ministres présents, le maire et la première dame ».

« Je me sens indigner face à ce qui vient de se produire. Je vais rectifier », poursuit le prêtre qui a reconnu que c’est le maire qui est la principale autorité de la commune.

Une rectification que le prêtre a faite en invitant, du haut de son autel, le maire à regagner sa place aux côtés des autres officiels. Toutefois, Stanley Casséus a évité de blâmer le (s) fautif (s).


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

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