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lundi 4 novembre 2019

Haïti-Conjoncture: Proposition de sortie de crise d'un jeune

Depuis sa fondation, soit plus de deux siècles, la République d'Haïti se heurte à une succession de crises qui l'empêchent d'emprunter la voie du développement et de la modernité. Les conflits internes hantent la nation haïtienne jusqu'à cette année 2019, c'est-à-dire sous l'administration du président Jovenel Moïse.

Actuellement, le pays est ingouvernable. D'un côté, des organisations politiques et de la société civile ainsi que de simples citoyens exigent la démission immédiate du président de la République. D'un autre côté, Jovenel Moïse et son équipe s'attachent à la durée de 5 années du mandat, en faisant peu d'attention à son contenu.

Pendant les dernières manifestations anti-Jovenel, plusieurs dizaines de personnes ont déjà perdu la vie et de nombreuses entreprises d'entrepreneurs de la classe moyenne sont pillées. Et cela continue !

Le pire, c'est que le dysfonctionnement institutionnel et les casses engendrés par cette lutte sont insignifiants par rapport à la misère qui s’est installée depuis quelque temps dans le pays. Une misère si atroce, elle donne l'impression que plus de 11 millions d'Haïtiens sont condamnés à une mort lente.

Pour enrayer ce mal endémique, le peuple haïtien doit s'atteler de définir un projet de société et être près à faire tous les sacrifices nécessaires pour le concrétiser. En parlant de peuple haïtien, je veux souligner le rôle prépondérant des élites.

C'est dans cette perspective, en tant qu'un jeune qui priorise le bien-être du peuple sur les intérêts claniques et mesquins des uns et des autres, je fais cette proposition de sortie de crise, où chaque champ politique devra renoncer à jouer le tout pour le tout et mettre un terme aux comportements égoïstes et suicidaires. Cette proposition vise non seulement à résoudre la crise actuelle, mais aussi à planter le germe d'une feuille de route devant guider les prochains gouvernements pour les 25 années à venir.

Les grandes lignes de cette proposition sont:

1- Jovenel Moïse et les sénateurs remettront le pouvoir le 7 février 2021

Pour convaincre les opposants politiques et le peuple déçu de laisser la rue, le président Jovenel Moïse doit accepter de sacrifier un an de son mandat. Au lieu de laisser le pouvoir le 7 février 2022, monsieur Moïse remettra le pouvoir à un président démocratiquement élu le 7 février 2021. Cet acte prouvera, d'un côté, que Jovenel Moïse accepte de payer pour ses inconséquences et d'un autre côté, qu'il entend le cri des millions d'Haïtiens qui ne l'acceptent plus comme président.

La misère qui s'installe dans le pays étant l'échec de toute la classe dirigeante, pas seulement celui du président Jovenel Moïse, les sénateurs dont leur mandat n'arrivera pas encore à terme le 7 février 2021 doivent accepter de faire le même sacrifice que Jovenel Moïse.

Président Moïse ne doit pas laisser immédiatement le pouvoir parce que la majorité des leaders politiques qui s'opposent à lui et qui s’apprêtent à prendre le contrôle de l’administration publique sont de hauts fonctionnaires de l'Etat ou d'anciens hauts fonctionnaires de l'Etat. Leur résultat est aussi minable que celui du président Moïse. En plus, Haïti a déjà fait, à plusieurs reprises, l'expérience de gouvernement de transition avec cette génération de leaders. A chaque fois, c'est un petit groupe d'hommes et de femmes qui se sont enrichis en pillant les caisses de l'Etat, comme avaient fait les adversaires qu'ils ont chassé.

A côté de cela, le véritable problème d'Haïti est plutôt la façon dont Jovenel Moïse dirige le pays et le système de gouvernance qui favorise la corruption et l'exploitation des masses. Sur ce, tout combat qui vise à défendre les intérêts du peuple haïtien doit cibler ces deux points, mais pas exclusivement une personne.

2- Mise sur pied d'un gouvernement de consensus

Un gouvernement de consensus est mis sur pied. Le président Jovenel Moïse propose un premier ministre et les partis politiques proposent les ministres en fonction des domaines prioritaires de leur programme.

La réduction de la taille du gouvernement est capitale. Il est composé au plus de 12 ministères. D’actuels ministères non essentiels peuvent être transformés en de directions au sein d’autres ministères.

Cette démarche vise à orienter les maigres ressources du budget vers des projets de développement au lieu des salaires de fonctionnaires.

L'origine politique de chaque ministre doit être publique.

3- Le mandat du gouvernement de consensus

Je veux souligner que l'élément le plus important de cette proposition de sortie de crise est ce "point 3".

Pendant son mandat, ce gouvernement donnera la priorité aux sujets suivants: résoudre la crise du carburant, rétablir un climat sécuritaire dans le pays, combattre la cherté de la vie (avec le financement et la subvention des produits locaux), organisation des élections générales; la structuration, correction et continuation de certains projets de développement initiés par l'administration de Jovenel Moïse: la construction des routes, le processus enclenché pour la construction de centrales électriques et la distribution d'électricité 24/24 à la population, et la construction des barrages.

Il est aussi primordial de définir une feuille de route pour les prochaines 25 années. Sans une anticipation,  on est certain que ce cercle vicieux de crises ne sera pas rompu.

Pour cela, dès le premier mois de l'entrée en fonction du gouvernement, une cellule sera créée pour élaborer cette feuille de route. Cette cellule sera composée de représentants de : la présidence, des ministères, des partis politiques qui ne font pas partie du gouvernement, des universités (publique et privée), du secteur privé des affaires, des associations de paysans, des organisations des droits humains, de la presse et d'institutions ayant développé une expertise dans un domaine prioritaire pour le développement du pays, entre autres.

Pour faire ce travail rationnel, cette cellule consultera tous les secteurs clés de la vie nationale.

Elle concevra une Haïti inclusive, en plein essor économique et à la pointe de la technologie.

Cette feuille de route étant le point commun des différentes sensibilités politiques et des différentes classes sociales et économiques, chaque partie qui concerne un gouvernement entrera automatiquement dans son programme.


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
jeantyjethro@gmail.com

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