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mercredi 20 novembre 2019

Les paysans expulsés sur leur terre pour la construction de la CODEVI marquent leur nouveau territoire

Les paysans du Plan de Compensation Sociale, à Morne Casse | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info
Les 184 familles qui ont été expulsées en 2002 sur leur terre à la frontière de Ouanaminthe par l'Etat haïtien pour permettre à la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) de s'implanter, passent à une autre étape dans leur lutte visant à contraindre l'Etat à respecter son plan de compensation sociale en suspens depuis 17 ans.

Le mardi 19 novembre 2019, accompagnés de leur avocat et de supporteurs, les paysans se sont rendus sur les 520 hectares de terre à Morne Casse, zone limitrophe entre les communes de Ouanaminthe et de Ferrier pour signifier à tout le monde qu'ils en ont pris possession. Cette terre a été mise à la disposition des paysans en remplacement de leur terre prise par l'Etat haïtien en 2002.

Dès leur arrivée sur le terrain, les paysans ont érigé un petit mur sur lequel ils gravent le nom de leur regroupement, Plan de Compensation Sociale (PCS).

Le coordonnateur du PCS, Jean François Pierre Noël qui n'a pas caché sa satisfaction pour cette avancée, a profité pour signaler qu'en plus des 184 familles répertoriées, de nombreuses autres familles qui vivaient principalement de l’agriculture ont été dépossédées en 2002.

Intervenu en la circonstance, l'avocat du regroupement des paysans, Me Evens Fils a rappelé que "En accord avec l'Institut National de la Reforme Agraire (INARA) et la Direction Générale des Zones Franches, la Direction Générale des Impôts (DGI) a mis cette terre disponible pour les paysans". "Cependant, à cause des manœuvres de certaines autorités qui veulent s'emparer des centaines hectares de terre, les paysans n'avaient jamais reçu les documents légaux leur mettant en possession", a-t-il poursuivi.

Les intéressés ont dû attendre jusqu'à 2019, en dépit que les documents sont prêts depuis 2009.

Selon les prévisions, chaque famille déguerpie sur leur terre à la frontière de Ouanaminthe en 2002 bénéficiera d'une portion de terre.

En plus, chaque famille devrait bénéficier d’une maison, aux côtés des infrastructures de base devant permettre aux membres de cette communauté de mener une vie décente. Sur ce point, selon l'avocat Fils qui cite le Ministère de l'Economie et des Finances, "Une somme de trois millions de dollars destinée à ces projets de développement a été détournée", avant d'annoncer que son cabinet va poursuivre  les coupables en justice.

De son côté, le député de la circonscription de Ouanaminthe, Elisma Florvil qui a été présent sur les lieux s'est félicité pour les contributions qu'il dit avoir données pour enfin permettre aux paysans chassés sur leur terre d'être enfin compensés.

Lors de cette journée considérée comme une victoire par les déracinés, le commissaire du gouvernement près du tribunal de première instance de Fort-Liberté, Hérode Bien-Aimé qui voulait chasser les paysans s'est finalement abstenu d'intervenir. Cette décision semble avoir été motivée par la détermination des paysans, les documents légaux dont ils disposent, la quantité de personnalités influentes qui se rangent aux côtés des bénéficiaires et la présence des journalistes.

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