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dimanche 24 novembre 2019

Quand la fin de mandat délie la langue des parlementaires "muets". Le cas du député Elisma Florvil

Le député Elisma Florvil discutant avec 2 citoyens, le 19 novembre à Morne Casse | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info
En Haïti, la plupart des parlementaires se cachent pratiquement après leur élection pour, d'un côté jouir tranquillement leur pouvoir et d'un côté pour fuir leurs responsabilités face à la population.


Ils se font rares dans leur communauté. Généralement, ils ne décrochent pas les appels de numéros de téléphone non enregistrés et des journalistes non catalogués comme partisans. Ils n’interviennent presque pas dans les médias. Ils évitent au maximum les contacts avec les militants politiques.

Prenons le cas du député de la circonscription de Ouanaminthe, Elisma Florvil dont son mandat de quatre ans touchera à son terme au deuxième lundi du mois de janvier 2020, soit dans moins de deux mois.

A la surprise générale, le rarissime député Florvil était accessible à tous le 19 novembre dernier à Morne Casse (zone limitrophe entre les communes de Ouanaminthe, Fort-Liberté et Ferrier) durant des heures sous un soleil de plomb. Sa présence sur les lieux s'était pour supporter les 184 familles déguerpies par l'Etat haïtien en 2002 de leurs champs à Ouanaminthe, qui signifiaient à tout un chacun qu'ils entrent en possession des terres que l'Etat leur a donné en compensation.

Monsieur Florvil était disposé et disponible pour dialoguer avec n'importe quel habitant qui le souhait et pour répondre aux questions de n'importe quel journaliste.

Ayant goûté aux privilèges démesurés que confère la fonction de parlementaire haïtien, le député aurait voulu, au dernier moment, montrer aux habitants qu'il travaille dans leur intérêt. Mais, tout ceci serait dans le seul et unique but de gagner la confiance de la population pour avoir une chance d'être réélu aux prochaines élections.

Sur ce point, le commissaire du gouvernement près du tribunal de première instance de Fort-Liberté, Hérode Bien-Aimé qui est contre l'entrée en possession des terres par les paysans, a fait savoir que le député Elisma Florvil l'avait confié la veille de sa présence à Morne Casse que c'est important pour lui. S'il contribue à aider les 184 familles à prendre possession des 520 hectares de terre, cela compenserait son absence de résultat.

Oui, tout ceci, c'est l'étrange effet de l'approche de la fin de mandat.

Se rappelant des innombrables privilèges que confère la fonction de parlementaire en Haïti, à la fin de son mandat, le parlementaire haïtien devient très souvent le défenseur de la veuve et de l'orphelin, la voix des sans voix, l'ami des démunis, le défenseur du peuple, la personne la plus ouverte aux nouvelles idées, le nationaliste le plus convaincu et le régionaliste zélé.

Prenez garde, chers compatriotes ! Tout cela n'est que de la poudre aux yeux.

Quand les "anciens chefs" se présenteront devant vous, dans les prochains mois pour solliciter à nouveau votre bénédiction, la première à les poser est: qu'est-ce que vous avez fait, durant votre mandat, pour améliorer les conditions de vie du peuple haïtien qui patauge dans la misère la plus abjecte?


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