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mercredi 28 février 2018

Haïti: La problématique de la langue maternelle

Renauld Govain, doyen de la Faculté de Liguistique Appliquée de l'UEH, le 21 février 2018 à Fort-Liberté | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info
En Haïti, "savoir s'exprimer en français" est soi-disant l'une des preuves de l'intellectualité. Souvent, au mépris de toute connaissance scientifique. Et, ceci, même dans des milieux professionnels, où la technicité devrait être primée, il suffit de réciter quelques phrases en français, même sans contenu, avec un peu de zuzu, on est déjà considéré comme "un connaisseur, un digne membre de la haute société".


Finalement, qu'est-ce que cela donne comme résultat?

Un déficit dans les processus de communication entre différentes parties, l'exclusion de la grande majorité des plus de 10 millions Haïtiens qui ne parlent que le créole (la langue maternelle) et un frein au développement d'Haïti. Voilà le résultat!

En dépit de tout, les écoles haïtiennes continuent à enseigner le mépris du créole, la langue de tous les Haïtiens, pour vénérer le français qui est parlé par une infirme partie de la population.

En plus que la quasi-totalité des manuels scolaires sont en français, exception faite pour les manuels d'enseignement de la langue créole, des responsables d'écoles au niveau classique continuent de sanctionner des écoliers et des élèves qui s'expriment en créole. Dans des écoles qui sont pour la plupart réputées comme meilleures pour Haïti ou pour leur localité.

Peu importe ton créole est bien structuré et tu émets des idées bien articulées, tu es "un crétin". Peu importe ton français est truffé de fautes et tu débites des charabias, tu es un "élève prometteur". Voilà le réflex avec lequel on évalue le savoir en plein milieu scolaire haïtien!

En ce sens, qu'est-ce qui pourrait être plus dangereux pour l'avenir d'un pays?

Seuls les défenseurs du statu quo semblent le savoir!

Présent à Fort-Liberté (chef-lieu du département du Nord-Est), dans le cadre d'une journée portes ouvertes organisée avec des élèves et des responsables d'écoles par le Plan International Haïti, à l'occasion de la 18ème célébration de la journée internationale des langues maternelles, le 21 février 2018, le doyen de la Faculté de Linguistique Appliquée de l'Université d'Etat d'Haïti, Renauld Govain a souligné que l'Etat haïtien n'a pas pris sa responsabilité pour appliquer la partie du Réforme de 1979 qui propose que l'enseignement au niveau primaire se fasse en créole.

Le doyen a rappelé que «Quand l'enseignement est dispensé dans leur langue maternelle, les apprenants sont plus performants», avant de souligner que «L'une des causes des échecs scolaires et des nombreux cas d'abandon de l'école, est le fait que l'enseignement est dispensé en français, une langue que les élèves ne métrisent pas».

De son côté, Lenès Accilien, un responsable de Plan International Haïti dans le département du Nord-Est, a fait savoir que l'organisation internationale a voulu mettre en valeur, par cette journée portes ouvertes, «L'importance de la langue maternelle dans le processus d'apprentissage des enfants».

Il dit espérer que les participants auraient été sensibilisés sur le rôle que doit jouer le créole dans le processus d'apprentissage en Haïti.


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

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