A l'occasion du 211ème anniversaire de la création du drapeau national, ce dimanche 18 mai 2014, Jéthro-Claudel Pierre Jeanty a présenté un discours pour le compte de la Faculté de Droit et de la Magistrature de Ouanaminthe, à l'église Notre-Dame de l’Assomption de Ouanaminthe.
Un discours qui met à nu les vrais problèmes d'Haïti, et propose des pistes de solution face à la dégénérescence de la société haïtienne, pour construire Haïti selon les aspirations de nos ancêtres.
Texte complet du discours
Chers
Concitoyens,
En
ce 211ème anniversaire du bicolore national, sous les auspices de
Dieu, nous sommes réunis en ce lieu sacré pour continuer à vivifier les flammes
immortelles de notre égrégore national, pour perpétuer ce Congrès que nos Ancêtres
ont organisé à l’Arcahaie le 18 mai 1803, Congrès au cours duquel, les Pères
Fondateurs de la Nation se sont entendus sur la création du Drapeau devant, désormais,
représenté la jeune Nation.
En
ce grand jour dans les annales de notre histoire, nous devons nous rappeler
sans cesse que le drapeau est le symbole le plus important, le plus puissant
d’un peuple. Nous devons nous rappeler aussi, à chaque seconde, notre devoir de
sacrifice pour que notre emblème soit, pour toujours, source de fierté et d’honneur,
pour nous, nos enfants et les enfants de nos enfants.
Notre
Bicolore est la représentation de la Nation dans son essence même. Son histoire
et ses idéaux se laissent entrevoir dans l’oriflamme.
Notre
emblème national est symbole de réconciliation.
Pendant
la Guerre de l’Indépendance, l’Armée Indigène se battait en bandes
dispersées ; des chefs de bande refusèrent de se soumettre à l’autorité de
Jean-Jacques Dessalines. La désunion des chefs de bande pouvait retarder
longtemps la victoire de l’Armée Indigène sur les Français. Le ralliement
d’Alexandre Pétion dans les rangs de l’Armée Indigène et la soumission des
chefs de bande dispersés sous l’autorité de Dessalines, ont garanti notre
victoire sur l’Armée Napoléonienne.
211
ans après, nos élites ne sont pas capables d’imiter cet exemple d’unité donné
par nos Ancêtres. D’un coté se trouve le Gouvernement, d’un autre coté se
trouvent les secteurs de l’Opposition. Ils font un dialogue de sourd. Ils se
sentent confortable et rassuré. Parce que chacun d’entre eux a son
« Blanc » dans sa poche, chaque leader politique n’a rien d’autre à
dire que ce que son égo l’indique de dire, il n’a rien d’autres à faire que ce
que son égo lui réclame.
Malheureusement, trop souvent, nos Dirigeants et nous
aussi le peuple, nous oublions que nous devons nous unir avec nous même avant
toutes prétentions de nous unir avec les autres, si nous voulons retirer Haïti
dans cette impasse.
Le Drapeau haïtien est symbole de notre liberté.
A chaque fois que nous voyons flotter le Bicolore National,
nous voyons les efforts et sacrifices consentis par nos Ancêtres. Au lendemain
de la victoire de l’Armée Indigène sur l’Armée Française, le soleil d’Haïti
luisait sur deux groupes d’hommes : les morts et les libres.
-
Les morts, dans
l’au-delà où ils se trouvent, se réjouissaient certainement, pour leur
contribution à cette œuvre si glorieuse.
-
Les libres (les
vivants) se sont finalement imposés en Êtres Humains à part entière aux
yeux : des colons, des racistes, des exploiteurs, des inhumains de
l’époque.
Aujourd’hui, parce que les Haïtiens ne se comportent
pas comme des hommes dignes de ce Nom, pour personnifier le mal absolu, le
Dominicain pointe du doigt l’Haïtien et pour qualifier l’Haïtien, le Dominicain
dit : « Haitiano es el diablo », « Ayisyen se dyab, se
sa li di » « paske lè l’ap gade li wè nou menm, Ayisyen, an patikilye
elit yo, nan konplisite ak lòt peyi, kanpe an kwa kont devlòpman peyi a, pou
defann enterè mesken ».
Aujourd’hui, nous devons nous demander est-ce que nous
sommes à la hauteur des aspirations de nos Ancêtres ? Le temps est à la méditation !
Le Drapeau tissé à l’Arcahaie et cousu par Catherine
Flon, veut dire aussi que nous sommes une nation indépendante.
Là encore, le comportement de nos classes dirigeantes,
sur toutes les barres de l’échelle, est décevant à l’égard des idéaux de nos Ancêtres.
Pour réaliser des élections prévues par la Constitution,
on attend « le dollar du Blanc » et son dicta. Cependant, ce même
« Blanc » quand on est à couvert, on le critique à gorge déployé. Pour arrêter les querelles intempestives entre nous, on attend que le
« Blanc » montre son fouet, dont, le premier coup est la suppression
des visas.
Pour garantir
la jouissance de certains privilèges, nos élites cautionnent et encouragent
même la présence des troupes étrangères sur le territoire national, ce que nos
Ancêtres ont combattu.
Face à cette dégénérescence et cette misère qui ronge
le peuple haïtien, nous devons puiser de la force et de la lumière dans le
symbolisme de notre Drapeau ; Bleu et Rouge.
Le Bleu, symbole de l’immensité et de la profondeur.
Le Rouge, symbole de la vie.
Haïti est conçue pour être un pays vivable, glorieux,
un pays qui ne devrait jamais laisser le chemin du développement.
En ce 18 mai 2014, qui est aussi la fête de l’Université,
les professeurs et étudiants de la Faculté de Droit et de la Magistrature de
Ouanaminthe et de l’école des Sciences Infirmières de Ouanaminthe, relevant de
l’Université Jean Price Mars, professeurs et étudiants de toutes les
Universités de la République, doivent se rappeler leur devoir de s’atteler à
construire l’Haïti que nous rêvons tous. L’obligation est faite à chacun de Nous
de contribuer par notre travail à ce vaste ouvrage auquel nulle académie, nulle
université ne peut suffire, parce que
tous les secteurs particuliers sont composés d’un petit nombre d’hommes, leur
travail ne pouvant embrasser un objet aussi immense. Nous, les universitaires,
devons promouvoir la culture intellectuelle, le goût des sciences utiles et des
arts libéraux de toutes les espèces, au sein de la société.
Ainsi, « l’Haïti Chérie » cessera d’être un
rêve mais une réalité.
Jéthro-Claudel Pierre JEANTY
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