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mardi 17 septembre 2019

Mauvaise utilisation des nouvelles technologies en Haïti: Le cas d'un grave accident de circulation à Ouanaminthe

Capture d'écran d'une publication sur
Facebook du maire Démétrius Luma
Pour déterminer si une action est bonne ou mauvaise, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, c'est-à-dire, le motif, l'objectif fixé et l'impact, entre autres.


Face à cela, il y a un élément qu'il ne faut surtout pas négliger. C'est la probabilité de bien faire qui est minime quand on ne métrise pas une situation ou les outils à sa disposition.

Regardons comment les gens utilisent les téléphones intelligents et les réseaux sociaux. Pendant que certains s’efforcent d’en faire un bon usage, d’autres fabriquent des catastrophes à longueur de journée avec les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

A la recherche de la popularité ou pour satisfaire leurs bas instincts, de nombreuses personnes utilisent généralement ces technologies pour partager de contenus inutiles ou pour nuire à d'autres personnes.

Prenons le cas du grave accident de circulation survenu le 15 septembre 2019 sur la nationale #6, à Morne Casse, dans la commune de Ouanaminthe, où un couple qui transportait de la gazoline sur une motocyclette dans le but d'aller la revendre a percuté un camion. Le mari qui conduisait la motocyclette est mort calciné sur place. La femme, avec de graves brûlures sur tout le corps, a été transportée à l'hôpital.

Dans ce drame, des attitudes extrêmement choquantes ont été affichées et continuent d'être affichées.

On peut clairement remarquer dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, pendant que la dame agonise et supplie les spectateurs de l'emmener à l'hôpital, les gens se contentent tout simplement de la filmer. Dépourvus d'humanité, certains se rapprochent encore et encore de la dame gisante sur le sol pour bien cadrer afin d'avoir une image choc!

Toutefois, le Centre ambulancier national a été alerté et a récupéré la victime pour l'emmener à l'hôpital. Est-ce que l'alerte a été lancée par les passants ou les habitants de la zone? On ne sait pas. Cependant, il est évident que les habitants de la zone ne s'intéressaient qu'à prendre des photos et des vidéos au lieu de secourir la dame.

Toute cette folie est enclenchée par l'obsession de faire un scoop afin de générer des vues, J'aime, commentaires et partages sur les réseaux sociaux.

La déraison a atteint son apogée quand c'est le maire titulaire de la commune de Ouanaminthe, Démétrius Luma lui-même qui publie sans vergogne ces images choquantes sur les réseaux sociaux.

Certaines de ses publications sur Facebook et WhatsApp sont sans commentaire pour expliquer les images et dans d'autres, le maire blâme les victimes et se justifie pour n'avoir pas pu régulariser le commerce de l'essence dans la commune.

Monsieur Luma qui n'a exprimé ni douleur, ni regret pour cette tragédie, laisse comprendre que c'est le résultat du non-respect d'une note de la mairie et la vice-délégation de l'arrondissement de Ouanaminthe en date du 03 mars 2019 interdisant aux propriétaires des pompes à essence de vendre du carburant aux détaillants et la vente de carburant à travers les rues de Ouanaminthe. Dans ce dossier, le maire se présente en prophète de malheur, mais pas en dirigeant.

On constate aussi que certaines personnes auraient tendance à assimiler le transport dans de mauvaises conditions du carburant à la rareté et le marché noir qui s'installent depuis quelque temps dans le pays. C'est faux. La vérité,  c'est que cela a toujours été ainsi. Sauf que le phénomène s'est amplifié depuis la crise, avec les marchands de rue  qui pullulent un peu partout.

Soulignons que suite à la note de la mairie et la vice-délégation, aucune mesure n'a été prise ni par la mairie, ni par la vice-délégation de Ouanaminthe, ni par les autorités policières, ni par les autorités judiciaires, ni par le ministère du commerce pour résoudre le problème.

Les nouvelles NTIC qui visent à rapprocher les humains entre eux peuvent contribuer à l'émergence d'Haïti au lieu de transformer chaque personne en un danger potentiel pour l'autre, dans la mesure où on en fait un bon usage.

Pour cela, les gens doivent commencer par penser à partager de contenus utiles et à observer un code d'éthique comme le font les journalistes professionnels. Une campagne d'éducation à grande échelle est aussi nécessaire pour former les habitants sur l'utilisation des NTIC.

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