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jeudi 13 juillet 2017

Blocage de la construction d’un centre d’accueil de rapatriés à la frontière de Ouanaminthe

Un groupe de rapatriés autour des responsables d'ONG et institutions étatiques pour se faire enregistrer, le 16 septembre 2015 à la frontière de Ouanaminthe | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info
Dans le cadre de son projet « Aide aux enfants et femmes vulnérables dans les zones frontalières en Haïti », financé par le gouvernement du Canada, l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) devrait inaugurer depuis plusieurs mois, à la frontière de Ouanaminthe, un Centre de Ressources Frontalier (CRF). L’exécution de ce projet, dont les travaux devraient débuter le 27 février, serait bloquée par les responsables de la douane qui n’autorise pas la construction sur sa cour (situé à l’entrée de la frontière Ouanaminthe-Dajabón) malgré les engagements pris en ce sens par les hauts placés de cette institution de l’Etat haïtien.


Le CRF a pour mission d’accueillir, donner un appui psycho-social et orienter les milliers de migrants haïtiens rapatriés par les autorités dominicaines.

De leur côté, la maire de Ouanaminthe et la Direction Générale des Impôts (DGI) auraient de déjà donnée leur accord pour la construction de ce centre qui sera géré par des institutions étatiques.

Selon plusieurs sources proches du dossier contactées par Nord-Est Info, ce blocage est le résultat d’un conflit d’autorité entre le maire titulaire de la commune de Ouanaminthe, Démétrius Luma et le directeur régional de la douane, Vladimir Cenatus.

Interrogé sur ce dossier, le maire Luma se montre intéresser par le projet. « Quand les rapatriés arrivent sur la frontière, ils sont livrés à eux-mêmes. Ce serait bien qu’une structure soit là pour les accueillir et les orienter », déclare-t-il.

Reconnaissance le droit des autorités de la douane pour se disposer de l’espace, le maire a dit souhaiter que les responsables de cette institution étatique collaborent avec les autres acteurs pour la concrétisation du centre.

Nous avons tenté sans succès d'entrer en contact avec monsieur Cenatus pour avoir sa réaction.

Considérant que les rapatriements se poursuivent à la frontière de Ouanaminthe et le désintéressement manifeste des autorités de la douane, des acteurs œuvrant dans la migration s’inquiètent à cause du blocage du centre.

Un groupe de rapatriés autour des responsables d'ONG et institutions étatiques pour se faire enregistrer, le 16 septembre 2015 à la frontière de Ouanaminthe | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info

A ce point frontalier officiel, 45 mille 768 personnes sont retournées/déportées depuis l’expiration du Plan National de Régulation des Etrangers (PNRE) en juin 2015, selon les données de l’agence onusienne, OIM.

Le CRF permettra de fournir une meilleure identification, orientation et assistance aux migrants vulnérables, tout en offrant un espace de coordination équipé pour favoriser le renforcement des synergies entre les acteurs de protection locaux (ONM, BPM et IBESR). Le CRF offrira aussi un espace pour le conseil psycho-social.

Dans le cadre de son projet, l’OIM envisage de construire un CRF dans chaque point frontalier officiel d’Haïti, soit Ouanaminthe, Anse-à-Pîtres, Malpasse et Belladère.

Pour sa part, celui de Anse-à-Pîtres a été inauguré le 20 juin 2017, par l’OIM avec la Mairie d’Anse-à-Pîtres et le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST). Et, les centres d’accueil de Malpasse et de Belladère sont déjà près pour être mis en service, avons-nous appris.

De son côté, le responsable de l’agence onusienne à Ouanaminthe, Olivier Tenes informe que le CRF de Ouanaminthe devrait être inauguré depuis le début du mois d’avril 2017.

« Les migrants sont des gens déracinés qui ont tout laissé derrière eux. Ils ont une dignité à préserver. Ce sont des êtres humains au-dessus de tout. Penser à ouvrir un centre pour les accueillir où un psychologue pourra panser leurs blessures est un geste symbolique et fortement humain. Cette initiative importante est épaulée et encouragée par le Gouvernement haïtien », a indiqué le Ministre des Affaires Sociales et du Travail, Monsieur Roosevelt Bellevue, lors de l’inauguration du CRF de Anse-à-Pîtres.

« Depuis l’expiration en juin 2015 de la période d’enregistrement du PNRE, l’OIM a enregistré plus de 202,252 migrants haïtiens qui sont revenus spontanément ou ont été déportés vers Haïti », avait déclaré, le 20 juin, Fabien Sambussy, Chef de Mission de l’OIM en Haïti.

Ce chiffre considérable témoigne de l’importance des besoins d’assistance sur toute la zone frontalière pour aider les migrants vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants. La majorité d’entre eux arrivent dans des conditions très précaires : sans ressource, séparés de leurs familles, sous alimentés, épuisés après avoir passé parfois plusieurs jours dans des centres de détentions dominicains. Ils sont alors pour la plupart livrés à eux-mêmes lors qu’ils arrivent en Haïti », précise Fabien Sambussy.


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

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