Translate

samedi 23 juillet 2022

Le CONADO, un outil pour le développement de Ouanaminthe, un instrument au service de la CODEVI ou de la République dominicaine?

Des membres du CONADO accompagnes de responsables
de la CODEVI et d‘autres personnalité
s
Depuis quelques semaines, à Ouanaminthe (commune du département du Nord-Est de la République d’Haïti et frontière avec Dajabón du côté de la République dominicaine), l’actualité est dominée par l’apparition du Conseil d’Appui au Développement de Ouanaminthe (CONADO), aux côtés des sujets relatifs à l’insécurité et l’essence.

 Ce qui nous intéresse dans ce texte c’est le CONADO. Il est créé par l’entreprise de la sous-traitance dans le secteur textile, la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) qui se situe sur la frontière Ouanaminthe-Dajabón. Le lancement officiel a été fait le mercredi 20 juillet dernier à la CODEVI, et cette nouvelle structure est composée de représentants d‘institutions publiques, privées, religieuses et organisations de défense des droits humains de la région. Il est présidé par le président du conseil administratif de Ouanaminthe, Demetrius Luma.

 s

Depuis cette initiative, ils sont nombreux à voir un manœuvre de la CODEVI pour pouvoir continuer à s’accaparer des terres des paysans du côté de Ouanaminthe.

 

Les objectifs du CONADO

Selon une note publiée par Jesula Blanc, secrétaire générale du CONADO sur son compte Facebook, les objectifs du CONADO sont de :

-          Permettre aux citoyens de se mettre ensemble afin de permettre le développement dans la communauté grâce au travail en harmonie et l’appropriation des projets de développement.

-          Faire la promotion pour le respect des droits des citoyens.

-          Coopérer avec les organisations nationales et internationales pour le développement de la commune.

-          Travailler pour la protection de l’environnement afin de permettre aux citoyens de vivre en santé et dans la propreté.

 

Considérant ses objectifs, on peut comprendre que les domaines d’intervention du CONADO sont nombreux.

Mais, a-t-il les compétences ou aura-t-il les moyens nécessaires pour donner les résultats escomptés ?

Ce serait une question intelligente.

Mais, ce n’est pas là l’inquiétude de nombreux habitants, comme on peut le constater sur les réseaux sociaux. L’inquiétude est portée sur "les vraies motivations" des responsables de la CODEVI en créant cette structure.

 

La dimension du CONADO

Considérant les entités (publiques, privées et ONG) qui composent le CONADO, celui-ci a l’air d’une voix autorisée à prendre de grandes décisions au nom de Ouanaminthe. Il a l’air d’une supra-structure qui pourra définir et implémenter de grandes actions devant assurer le développement de Ouanaminthe pour apporter du bien-être à plus de 110000 habitants de la commune. Vu comme ça, on pourrait tenter de s’en réjouir. Le hic, c’est le grand manitou dernière cette structure, celui qui oriente cette structure qui promet d’apporter le développement à Ouanaminthe, la CODEVI.

 

Rappelons que la CODEVI fait partie du Group M qui est un groupe d’intérêt privé de la République dominicaine. Cette industrie de la sous-traitance qui bénéficie de beaucoup de fonds d’investisseurs à travers le monde est souvent dénoncée par les syndicats d’ouvriers pour l’exploitation et la maltraitance des ouvriers.

 

Quand la CODEVI a besoin de soigner son image à l’échelle internationale

Dans la note de la secrétaire du CONADO, ce conseil d’appui est présenté comme un outil pour rendre visible les actions de la CODEVI à Ouanaminthe. De son côté, la CODEVI est présentée comme le canal qui emmènera les financements des bailleurs de fonds au CONADO, selon les propos de Rafael Dominguez, un gérant à la CODEVI.

 

N’est-il pas légitime de douter de la bonne foi des responsables de la CODEVI face à cet intérêt "soudain" pour le bien-être des habitants de Ouanaminthe, quand on considère que mêmes les 184 familles expropriées pour permettre à la compagnie de s’installer en 2003 ne bénéficient pas encore de compensation 19 années après, quand on considère que cette industrie doit contribuer au progrès de Ouanaminthe au moyen de bons salaires et des conditions de travail des ouvriers ?

 

Pendant qu’on parle de soigner son image, il y a quels rappels fondamentaux à faire.

1- Les principaux commanditaires de la CODEVI se trouvent aux États-Unis d’Amérique. Ces entreprises ne peuvent pas se permettre d’acheter des marchandises produites dans un système où il y a exploitation ou violation des droits humains, sans risquer de lourdes sanctions de la part de la justice américaine.

2- Les bailleurs de fonds sur lesquels la CODEVI peut compter pour financer son agrandissement (projet en gestation depuis plusieurs années), dont la Banque Mondiale (BD) et la Banque Interaméricaine de Développement (BID)... ne financeront pas une entreprise ne respectant pas certaines règles, dont les droits de l’homme.

 

Et, les dénonciations incriminant la CODEVI de violation des droits humains sont nombreuses.

 

La création de ce CONADO ne serait-il pas le moyen pour la CODEVI de prouver à ses commanditaires et aux bailleurs de fonds qu’elle  favorise tellement le développement de la zone, qu’elle respecte tellement les droits de l’homme, elle  est encadrée par toutes les forces vives de la communauté (l’Etat, la société civile, les organisations de promotion et de défense des droits humains, la classe économique et les religions)?

 

Revenons sur le lancement officiel du CONADO le 19 juillet dernier. Ce lancement a été fait en présence de l’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti et de responsables de l’agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), selon la note de la secrétaire du CONADO. Croyez-vous que ces hauts fonctionnaires du gouvernement américains avaient juste envie de se promener pour laisser Port-au-Prince et arriver jusqu’à Ouanaminthe, en parcourant plus 250 kilomètres! Non. Je suis convaincu qu’ils étaient présents pour évaluer par eux-mêmes les relations entre la CODEVI et la communauté, dans la perspective d‘importants contrats.

 

Le projet d’agrandissement de la CODEVI

Depuis plusieurs années déjà, la compagnie de la sous-traitance souhaite s’approprier de 165 hectares terre supplémentaires de la plaine de Maribaroux pour pouvoir installer de nouvelles usines. Selon les responsables de la CODEVI, cela permettra de créer plusieurs milliers nouveaux emplois.

 

Vu du côté des paysans et d’autres couches de la communauté, cet agrandissement aura de graves conséquences sur l’agriculture de la région.

 

Par coïncidence ou en fonction des calculs du grand manitou, des actions décisives se réalisent dans 48 heures. Le 21 juillet 2022, soit 2 jours après le lancement officiel du CONADO par la CODEVI, la Direction Générale des Impôts (DGI) publie un avis domanial dans lequel il est écrit « …les fermiers de l’Etat et les propriétaires fonciers situés dans la zone d‘extension de la compagnie de développement industriel (CODEVI) à Ouanaminthe, qu’ils sont invités à déposer copies de leurs titres de propriétés ou contrat de beaux à ferme au entre des Impôts de Ouanaminthe (local de la DGI) en vue de justifier leurs droits et prétentions dans un délai de 15 jours… ».

 

« Parallèlement, il est demandé de s’abstenir de réaliser tous travaux de fouille, de plantation et de construction, ainsi que des transactions de vente ou de passation de parelle de terrain en attendant une décision des autorités compétentes », poursuit l’avis.

 

Certains Ouanaminthais actifs sur Facebook, dont l’entrepreneur Sankara Jules et le médecin Hans Pierre Jeanty établissent rapidement une relation entre le lancement du CONADO et la sortie de cet avis.

 

Et, face à la volonté de la CODEVI s’agrandir ses installations, certains se demandent pourquoi ne cherche-t-elle pas ces 165 hectares du côté Dajabón (République dominicaine), pour équilibrer les choses, considérant qu’elle en déjà 80 du côté de Ouanaminthe ?

 

Devrait-on rejeter automatiquement toute proposition de nouvel investissement de la part de la CODEVI ? La réponse est non, parce qu’on ne pourra pas développer le pays sans d‘importants investissements. Mais, est-ce que la CODEVI est dans une logique gagnant-gagnant avec Ouanaminthe ?

 

Sabotage de la production agricole de la République d‘Haïti

Avant l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, il avait ordonné la poursuite de la construction d‘un canal avec une prise sur la rivière Massacre située sur la ligne frontalière, pour arroser la plaine de Maribaroux. Le projet initié depuis sur la présidence de Michel Joseph Martelly, n’est pas encore achevé.

 

Rappelons que Maribaroux est la deuxième plus importante plaine d‘Haïti après l’Artibonite. Et, des milliers de familles haïtiennes vivent grâce aux champs cultivés  à Maribaroux.

 

En dépit de l’importance de la plaine de Maribaroux pour la production agricole d‘Haïti, les terres produisent de moins de moins à cause principalement d‘un problème d‘irrigation. Les rivières qui arrosent cette plaine ont un débit considérablement inferieur qu’avant.

 

Ce canal en construction vu comme un gilet de sauvetage pour l’agriculture dans la plaine, a heurté a l’opposition des nationalistes dominicains. Malgré du côté de la République dominicaine, il y a environ une dizaine de prises pour arroser leurs terres agricoles.

 

Avec l’élimination de cette unique prise pour arroser la plaine de Maribaroux, la République dominicaine s’assurera, d’un côté, de maintenir le déclin de l’agriculture d‘Haïti et d‘un autre côté, du contrôle de l’économie de sa voisine. Oui, l’élimination de cet unique canal serait bien dans l’agenda des responsables de la CODEVI. L’agent exécutif intérimaire de Ouanaminthe Ocelite Destiné, l’a dénoncé suite à une rencontre avec les responsables de la CODEVI au cours du mois de juin dernier. Ce qui faisait écho à des dénonciations précédentes d‘autres acteurs.

 

Soulignons le, toujours dans un souci de donner une vue d‘ensemble des événements qui se produisent, l’actuel ministre de l’agriculture de  la République dominicaine n’est autre que Limbert Cruz, le vice président de Group M dont fait partie la CODEVI.

 

Donc, face à tous ces éléments, le CONADO fait-il partie d‘un plan de la CODEVI ou la République dominicaine ?

 

Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

jeantyjethro@gmail.com

5 commentaires:

  1. Félicitations !!! Si les citoyens ne se soulèvent pas, nous mourrons tous à petit feu.

    RépondreEffacer
  2. Gen Moun ki nan komite kigen dwèt long

    RépondreEffacer
  3. Li klè ke Demetrius rès moun melanje ak Jesula woteba ap jwe les mains et les pieds fè moun ouanaminthe kwè ke kk Conado sa c nn enterè moun ouanaminthe li fòme pandan ke c youn nn pi gwo tò yo pral fè nation an. Moun sa yo pi mal ke ti lapli ak Izo. M wont pou chien 🐕 sal ouanaminthe sa yo franchman.😡😡😡😡

    RépondreEffacer