Translate

lundi 24 septembre 2018

Un SIMEX à Ouanaminthe pour préparer la communauté à faire face aux aléas hydrométéorologiques

Evacuation d'une personne handicapée dans le cadre du SIMEX | par Joseph Mike Lysias
Dans le but de renforcer les structures locales d'intervention d'urgence et de sensibiliser la population sur les comportements à adopter face aux aléas hydrométéorologiques, des exercices de simulation (SIMEX) ont été organisés à Ouanaminthe (commune du département du Nord-Est d'Haïti), le jeudi 13 et le vendredi 14 septembre 2018, sous les auspices de la Direction de la Protection Civile (DPC) via la Coordination Technique Départementale de GRD du Nord Est (CTDGRD) et de la Mairie de Ouanaminthe. Ces activités rentrent dans le cadre d’un programme intitulé Planification Urbaine pour le Renforcement de la Résilience aux Désastres (UPGRADE), financé par l’Agence Américaine de Développement International (USAID) via OFDA (Office of U.S. Foreign Disaster Assistance) et mis en œuvre, dans l’Ouest (Martissant) et le Nord-Est (Ouanaminthe) par la Fondation Panaméricaine de Développement (PADF) et le Centre d’Étude et Coopération Internationale (CECI). D’une part, la PADF est responsable de la mise en œuvre de deux secteurs dont l’Eau – Hygiène - Assainissement (WASH) et celui des abris et établissements. D’autre part, le CECI assure l’implémentation de deux autres secteurs notamment les politiques et pratiques de gestion du risque et la mitigation des risques naturels et technologiques.

Des membres des Conseils d’Administration des Sections Communales (CASEC) et des Assemblées des Sections Communales (ASEC) des cinq sections communales de Ouanaminthe, ainsi que des cadres de la DPC de plusieurs départements et le représentant de la DPC au niveau national ont participé à titre de coordonnateurs, de contrôleurs, d'observateurs et évaluateurs à ce SIMEX.

« Nous avons simulé un cyclone ayant entraîné une inondation et nous avions procédé à l’évacuation de 50 familles avec l’intervention de 25 brigadiers et 25 membres des Equipes d’Intervention Communautaire (EIC) », a précisé Tony Denis, coordonnateur pour le département du Nord-Est de la DPC.

La raison d’être de ce SIMEX
« Bien avant ce SIMEX, des séminaires de formation sur les notions de base en gestion de risques et de désastres, recherche et sauvetage, gestion d’abris provisoires et système d’alerte précoce, ont été organisés au profit des acteurs concernés et des plans de contingence locaux ont également été élaborés », a fait savoir Tony Denis. Il a, entre autres, expliqué que ce SIMEX a été organisé dans le but de tester ces outils et procédures mis en place, d’évaluer la capacité de coordination du Comité Communal de la Protection Civile (CCPC) de Ouanaminthe et de tester la capacité opérationnelle des Comités locaux de Protection Civile (CLPC), des Equipes d’Intervention Communautaires (EIC) et des Brigadiers de ladite commune.

Entres autres, pendant l’exercice, les responsables ont mis l’accent sur la coordination des opérations, le traitement de données, l’information du public, la logistique et l’évacuation des sinistrés.

La réactivation du CCPC de Ouanaminthe
De son côté, le directeur général de la mairie de Ouanaminthe, Juleon Durosier n'a pas manqué de souligner l'importance de ce SIMEX. « Il a permis de réactiver le Comité communal de la protection civile de Ouanaminthe qui était dysfonctionnel depuis plusieurs années. Cela permettra aux autorités locales de pouvoir accompagner efficacement la population en cas de catastrophe », souligne-t-il.

Le Déroulement du SIMEX
Durant ces deux jours, le Centre d’Opération d’Urgence Communal (COUC) de Ouanaminthe et le Centre d’Opération d’Urgence Local (COUL) de Haut Maribahoux ont été activés avec la forte implication de leurs membres et de leurs autorités respectives. Avec l’appui du coordonnateur du SIMEX, des contrôleurs et des évaluateurs, le COUC et le COUL ont conjointement effectué des exercices afférents à la coordination de l’urgence et des opérations de réponse.

Environ 110 acteurs représentant la Croix-Rouge, la Police Nationale d’Haïti, l’Institut du Bien-Etre Social et de Recherche (IBESR), les Ministères de la Santé Publique et de la Population (MSPP), des Affaires Sociales et du Travail (MAST), à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), des Organisations de femmes et des Organisations Communautaires de Base, entre autres, ont pris part à la simulation.

En termes d’évaluation des capacités opérationnelles de la chaine de Protection Civile de Ouanaminthe, les EIC de Haut Maribahoux et de Gaillard associés aux brigadiers du centre-ville ont été mis à l’épreuve par le biais d’un exercice sur le système d’évacuation. À cet effet, les locaux de l’École Fondamentale d’Application/Centre d’Appui Pédagogique (EFACAP) qui sert toujours d’abri provisoire lors des catastrophes, ont été utilisés comme Centre d’Opération d’Urgence et pour accueillir les 50 familles vivant dans le quartier de Gaillard évacuées au cours de l’exercice.

Les réactions des principaux intervenants
Dans ses interventions, le représentant du CECI à Ouanaminthe, Responsable de mobilisation communautaire dans le projet UPGRADE, M. Rosmain Jean, a insisté sur le rôle capital de la presse pour informer et sensibiliser la population sur les consignes à adopter lors des catastrophes.

Pour sa part, le responsable d’Abri provisoire et Assistant chef de service au niveau central de la DPC, Serge Semerzier se dit satisfait de la réalisation du simulacre portant surtout sur l’évacuation et la mise en abris d’évacuation temporaire. Selon lui, la population est plus sensibilisée actuellement sur les notions de cyclone et évacuation. « Maintenant, le comité local sait mieux quoi faire quand le Centre d’Opération d’Urgence est activé et les autorités locales savent maintenant à qui s’adresser, avec qui coordonner, comment faire circuler les alertes et comment faire la coordination ».

Pour atteindre l’objectif zéro mort lors des aléas hydrométéorologiques, les acteurs doivent d’un côté, conjuguer leurs forces et d’un autre côté, la population doit respecter les consignes des autorités concernées, soulignent les organisateurs du SIMEX.

Cependant, certaines idées préconçues rendent difficile le travail des agents de la DPC lors des catastrophes. Certains habitants pensent que les interventions des brigadiers ne servent qu’à justifier de fortes sommes d’argent dépenser en leur nom. Or, les brigadiers ne sont que des volontaires qui cherchent à secourir la population des zones à risques, rappellent les responsables.

À cause de la mauvaise gestion de l’environnement, notamment le déboisement, du non-respect des normes de construction et du faible niveau d'éducation de la population, entre autres, Haïti est devenu très vulnérable face aux aléas hydrométéorologiques. Quelques gouttes de pluie  et un vent de faible puissance suffisent pour inonder une bonne partie des zones habitées, détruire des plantations et même provoquer des pertes en vie humaine. Des activités de sensibilisation, rencontres avec les institutions concernées, ateliers de formation de renforcement sont prévus afin de pouvoir limiter les dégâts lors des éventuels cyclones et inondations dans les zones vulnérables.

Actuellement, la commune de Ouanaminthe dispose de 50 brigadiers, de 150 membres des EIC, 125 membres de CLPC et 25 membres de CCPC. Des équipements sont préposés au local de la Mairie pour permettre à ces agents de faire des interventions en cas de besoin.

La saison cyclonique a débuté le 1er juin et se terminera le 30 novembre. Durant cette période, entre 10 à 16 tempêtes tropicales pourraient se former dans la région, et on est déjà au second trimestre de la saison qui, généralement, est le plus actif.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire