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vendredi 23 décembre 2022

Lettre ouverte au ministre de l’éducation Nesmy Manigat: Nos écoles, sources de vices pour les enfants

Jéthro-Claudel Pierre Jeanty et Nesmy Manigat

Monsieur Nesmy Manigat, ministre de l’éducation de mon pays, par 
cette présente, je veux attirer votre attention sur certaines difficultés dont font face les parents pour cette année scolaire et de la nécessité pour que votre Ministère prenne des décisions en vue d’assurer une bonne éducation aux enfants haïtiens.


En parlant de difficultés, je sais que vous aussi vous faites face à une tonne. Des difficultés tellement importantes, elles vous auraient même contraint à revoir vos intentions à la baisse en ce qui concerne l’éducation de nos enfants, le futur de notre pays.


Suite à votre retour au Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) en date du 26 novembre 2021, pour signifier que votre équipe va tout mettre en œuvre pour assurer l’éducation de nos enfants, vous avez adopté le slogan « Lekòl pa ka tann ». Pourtant, cette année, vous semblez faire une volte-face avec le slogan « Tipa tipa ». Ce qui a occasionné des propos peu flatteurs de nombreux citoyens contre vous. Considérant l’insécurité, les problèmes économiques et les troubles sociopolitiques qui empêchent aux écoles de fonctionner normalement pour cette année académique, quelqu’un pourrait même tenter de dire « mieux vaux une scolarisation avec des manquements que pas de scolarisation du tout ».


Nous savons aussi que la solution à ces problèmes ne dépend pas exclusivement de votre Ministère, mais de tout le gouvernement. Donc, je me fais le devoir de ne pas être dceux qui vous indexent comme le seul et unique responsable de cette reprise abracadabrante des activités scolaires depuis quatre mois. Je ne veux pas non plus ignorer les efforts permettant une certaine reprise des activités scolaires.


Monsieur le ministre, à partir du début du mois de novembre, le MENFP publie régulièrement des chiffres montrant une reprise progressive des activités scolaires à travers le pays. De 7% des écoles qui fonctionnent le 7 novembre 2022 pour arriver à 66% le 12 de ce mois de décembre. Toutefois, la rentrée officielle des classes était initialement prévue pour le 5 septembre 2022.


Bref, je ne suis pas là aujourd’hui pour parler de vos tourments comme décideur. Mais, de ceux des parents et du devenir de nos enfants, l’avenir de notre pays.


Monsieur Manigat, vous n’êtes pas sans savoir que l’un des facteurs empêchant une reprise en bonne et due forme des activités scolaires dans le pays est la pauvreté dans laquelle patauge le peuple haïtien. Une pauvreté qui empêche, d’ailleurs, chaque année aux parents de se procurer des fournitures scolaires et de payer la scolarité de leurs enfants. Une situation qui s’est aggravée cette année à cause des troubles sociopolitiques et l’insécurité.


En dépit d’une campagne de sensibilisation des responsables du MENFP et des directeurs des écoles, ils sont nombreux les parents qui n’envoient pas encore leurs enfants à l’école après quatre mois, même avec le calme qui revient dans la majorité des départements du pays.


Nombre de parents émettent des doutes sur les véritables intentions des autorités et des directeurs des écoles. Certains estiment, d’un côté, que le gouvernement ne vise qu’à satisfaire un agenda politique. C’est-à-dire, montrer à la communauté internationale que tout va bien dans le pays, que le gouvernement est efficace. Et, d’un autre côté, ils estiment que les propriétaires des écoles privées en particulier ne sont que dans une démarche mercantile. C’est-à-dire, faire venir les enfants à l’école juste pour pouvoir toucher les frais scolaires afin de s’enrichir.


Ces inquiétudes sont légitimes vu que, d’un côté, le gouvernement n’annonce aucune mesure d’accompagnement et d’un autre côté, les directions des écoles privées qui n’annoncent aucune mesure de facilitation pour les parents, avaient, pour la plupart, résilié le contrat des enseignants.


Donc, les écoles vont obliger les parents à payer la totalité des frais scolaires, pour ne payer aux enseignants que le temps pour lequel ces derniers vont travailler. C’est criminel !


Outre le côté financier, les inquiétudes concernent aussi les valeurs ou plutôt les vices que nous sommes en train de transmettre aux enfants. Des dirigeants qui jouent avec la vie de petits enfants juste pour satisfaire un agenda politique. Des directeurs d’écoles qui escroquent des parents et qui laissent des enseignants crever de faim juste pour pouvoir garder le magot. Les mauvais messages sont nombreux monsieur le ministre !


Imaginez-vous un enfant qui, d’un côté, assiste son parent qui est enseignant contraint à titre de parent de payer la totalité des frais scolaires pour lesquels il n’a bénéficié que quelques mois de formation et d’un autre côté, son parent ne reçoit son salaire comme enseignant que pour les mois pour lesquels il a pû travailler. Comment voulez-vous monsieur le ministre que cet enfant, dans 10 ans, dans 20 ans ne deviendra pas un gangster à sandales ou en costume ?


Si rien n’est fait pour corriger ces maux, notre pays sera encore plus gangstérisé à l’avenir. Ceux qui devront travailler pour garantir le bien-être collectif ne seront que des prédateurs assoiffés d’argent et de pouvoir qui pourrissent la vie de nos concitoyens.


Considérant les éléments mentionnés plus haut, en tant que citoyen soucié du devenir de mon pays, en plus des mesures à prendre par le gouvernement pour résoudre le problème de l’insécurité et la misère dans le pays, je suggère que votre Ministère prenne les mesures suivantes pour cette année scolaire.

1- Subventionner les fournitures scolaires pour ceux qui n’ont pas encore terminé avec les préparatifs.

2- Renforcer la compagnie publique de transport Dignité pour qu’elle puisse assurer le transport d’un nombre important d’élèves à travers tout le pays.

3- Rétablir la cantine dans toutes les écoles (publiques et privées) à travers le territoire national.

4- Enjoindre aux écoles privées de faire une réduction des frais scolaires, au moins, au prorata du nombre de mois de dysfonctionnement.

5- . En plus de l’injonction du point 4, encourager les directions des écoles privées à donner des facilitations aux parents ayant des difficultés pour payer les frais scolaires. 


Mes salutations patriotiques !


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

Citoyen

jeantyjethro@gmail.com

Tél. : (509) 3717-3479

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