Pour célébrer la journée internationale des droits des femmes pour cette année 2022, plusieurs organisations de femmes et organisations féministes ont conjugué leurs efforts pour réaliser deux journées de mobilisation dans le département du Nord-Est d’Haïti, soit le lundi 7 et le mardi 8 mars 2022.
Cette année,
la journée internationale des droits des femmes a été célébrée en Haïti sous le
thème « Egalite fanm ak gason se
zafè respè dwa moun pou yon demen miyò ». Et, ces deux journées
d’activités dans le Nord-Est ont été réalisées avec le financement du projet Violence
sexuelle et Basée sur le Genre (VSBG), l’Union Européenne et l’Ambassade de la France
en Haïti.
Le 7 mars,
les activités ont été organisé dans la commune de Ouanaminthe. Dans l’agenda, il
y avait de la sensibilisation à travers les rues et des prestations théâtrales
au centre culturel Marie Louise Coidavid.
Pour le jour
officiel, soit le 8 mars, c’est la commune de Capotille qui a accueilli les
centaines de militantes et militants des droits humains venus un peu partout
dans le département du Nord-Est.
Après une
marche où hommes, femmes, jeunes et vieux parcourraient les rues de cette
commune, venait le temps d’une série de conférences-débats qui visaient, entre
autres, à rappeler le déséquilibre homme-femme dans notre société et ses
impacts dévastateurs, à former les participants sur les droits des femmes et à
inciter l’implication des femmes dans la sphère politique.
Lors de son
intervention, le responsable des Sœurs Saint Jean Évangéliste à Ouanaminthe,
Alexandra Bonilla, a salué la synergie développée par les différentes
organisations pour rendre possible ces manifestations pendant ces deux jours. Madame
Bonilla a dit souhaiter le maintien de ce dynamisme, avant de déclarer que « Ce 8 mars n’est pas un jour de fête pour les
femmes. Mais, plutôt une journée de commémoration ».
S’intéressant
à l’intégration des femmes dans l’administration publique, le juge de paix
titulaire de Ouanaminthe, Elie Louis Jacques a déclaré « Considérant le
fait que les femmes constituent 52% de la population haïtienne. Elles méritent
d’être présentes même à plus de 50% dans l’administration publique », en
faisant référence au quota de 50% réclamé par des organisations féministes. « Mais,
pour cela, les femmes doivent d’abord s’impliquer, et ne pas rester là à
attendre qu’on leur fasse de cadeau », a-t-il poursuivi.
D’un
autre côté, le juge de paix a souligné que la législation haïtienne continue à
causer de nombreux préjudices aux femmes, en dépit des progrès réalisés au
cours des dernières années. Et, pour illustrer ses propos, il a cité les
désavantages des femmes lors des séparations des biens pendant les divorces et
les séparations de personnes vivant en concubinage. Selon monsieur Louis
Jacques, cette situation montre l’urgence pour que les femmes occupent des
postes de décision et participent activement dans la gestion du pays.
De son côté,
la responsable du projet Violence Sexuelle Basée sur le Genre (VSBG) au sein de
l’"Asosiyasyon Fanm Solèy Dayiti (AFASDA)", Same-Lourdes Joseph a
souligné les impacts des mauvais traitements que les parents infligent aux
filles, particulièrement quand les parents leur laissent croire qu’elles ne
sont pas égales aux garçons. Selon madame Joseph, « Le leadership des
femmes, dont on souhaite tant, doit commencer à être construit dès leur enfance
à la maison ».
Pour sa part,
la directrice départementale du Nord-Est du Ministère à la Condition Féminine
et aux Droits des Femmes (MCFDF), Rose Marla Séide a attiré l’attention sur les
stéréotypes dont sont victimes les femmes. « Certains prétextent que les
femmes sont difficiles à aborder quand elles occupent un poste important. Cela
n’a pas de fondement », a-t-elle souligné.
Dans la
perspective de la construction d’une société égalitaire, la responsable de Plan
International Haïti et coordonnatrice du projet VSBG, madame Joane Alfred
Manigat a conseillé « Si nous voulons atteindre l’objectif de l’équité femme-homme,
nous devons continuer à travailler ensemble », avant de suggérer aux
responsables des institutions de faire en sorte de toucher toutes les zones du
département du Nord-Est avec leurs activités d’éducation et de sensibilisation.
Pour cela, chaque année, les grands rassemblements organisés autour du 8 mars
devraient être tenus à tour de rôle dans les 14 communes du département.
En dépit des
lacunes à combler par la société, la coordonnatrice de la PGNE, Madame Jesula
Blanc a, pour sa part, estimé que d’immenses progrès ont été réalisés dans la
lutte pour l’émancipation des femmes en Haïti, particulièrement du point de vue
légal, avec l’adoption de plusieurs textes de loi par l’Etat haïtien. Selon
elle, les femmes doivent s’engager pour jouir pleinement de ces acquis.
Il important de rappeler que le projet de Violence sexuelle
et Basée sur le Genre (VSBG) est financé par l’Union Européenne et exécuté par
le Plan International Haïti et AFASDA dans les communes de Ouanaminthe,
Capotille et Ferrier, avec la participation de 11 OSC, soit Soeurs de Saint
Jean Evangéliste (SSJE), Plateforme Genre du Nord'Est (PGNE), Rassemblement des
Femmes Engagées de Ouanaminthe (RFEO), Association Femmes
Ouanaminthe (AFO), Rassemblement des Femmes Leaders D'Haïti (RAFELD), Tèt Kole
Fanm Dilé (TKFD), Réseaux Frontaliers Jeannot Succès (RFJS), Fanm An aksyon pou
Devlopman Akildèpen (FADA), Groupe de Recherches et d'Action pour l'Avancement
de Savanne-au-Lait (GRAAS), Asosyasyon Fanm Savannlong (AFS) et Rezo Kominal
Fanm Kapotiy (RKFK).
Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
jeantyjethro@gmail.com
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