Seul le peuple haïtien est perdant

Vue aérienne du Centre-Ville de Ouanaminthe | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info

Peu importe le sujet qu'on considère, on n'arrive qu'à la même conclusion.

Dirigeants et bienfaiteurs s'enrichissent sur le dos d'Haïti pendant que la grande majorité des Haïtiens s'enfonce un peu plus chaque jour dans la misère et la déshumanisation. Donc, le peuple haïtien est le seul et unique perdant des jeux politiques et économiques.

Une politique qui ne planifie, ni gère pas la cité
Dans le contexte de la fin de mandat de la majorité des élus d'Haïti, j'entends des adversaires disent, avec une certaine satisfaction, que tel élu "dòmi deyò" pour signifier que ce dernier ne pourra pas se faire réélire à cause d’une absence flagrante de résultat.

Considérant les multiples promesses que nos élus avaient faites pour pouvoir obtenir le vote des concitoyens, c'est plus qu'évident qu'ils ont échoué. Cependant, si on considère les véritables raisons qui leur avaient poussées à convoiter les postes de décisions, on peut dire que nos dirigeants sont plus que réussis. Car, ils sont tous devenus riches en quelques années et ils ont facilité certains de leurs proches à intégrer la fonction publique.

Dans l'espoir de trouver quelques miettes ou pour manifester leur reconnaissance pour les miettes qu'ils ont reçues, certains partisans continuent à présenter ces dirigeants à la population comme des progressistes, comme des patriotes, comme des sauveurs. Ces sous-hommes sont prêts à tout pour faire taire toute voix dissidente. Ils utilisent l'intimidation jusqu'à l'élimination physique.

Actuellement, il y a sentiment de satisfaction dans le camp du pouvoir exécutif à cause de la fin du mandat de la majorité des parlementaires ce lundi 13 janvier 2020. Les proches de l’administration du président Jovenel Moïse estiment que le président a maintenant le champ libre pour diriger le pays et du même coup pour réaliser "ses grands projets de développement" au profit de la population.

La vérité, c’est que la caducité ou le dysfonctionnement du parlement ne profitera qu’aux membres de l’Exécutif. Le peuple ne sera que la victime d’un nombre plus petit d’escrocs qui vont maintenant piller plus facilement les maigres ressources du pays, grâce à l’affaiblissement des concurrents.

Soulignons que nombreux sont les dirigeants et les opposants qui s'étaient mis d’accord pour détourner les milliards de dollars du programme PetroCaribe et chaque année, des centaines de millions de dollars du Trésor public depuis plusieurs décennies.

Des coopérations à repenser
Grâce aux coopérations bilatérales et multilatérales, des étrangers et des nationaux s’en mettent plein les poches à la faveur des projets bidon qui se disent des projets de développement. Et, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, parce que tout simplement les décideurs et les influenceurs trouvent leur part du gâteau !

Actuellement, dans le contexte de commémoration du 10ème anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010, on se souvient des milliards de dollars d’aide à la reconstruction volés impunément par des étrangers et des dirigeants haïtiens.

La perversion de la religion
La religion qui devrait servir à soulager les âmes tourmentées et aider les hommes à combattre le vice pour pratiquer la vertu, est devenue un repère de magouilleurs et d'exploiteurs.

Des leaders prêchent, du haut de leur chœur, des messages dans lesquels ils ne croient pas un mot. Pour la plupart, ils poussent les fidèles à se résigner et à accepter la misère comme si c'était la volonté de Dieu. Tandis qu’eux, ils sont prêts à tuer pour vivre dans l'opulence et la luxure.

Que faire?
Que ceux qui ont pris conscience de la situation et qui ne se laissent pas embobiner par les manipulateurs d’un camp ou d’un autre, prennent leur responsabilité pour éduquer une masse critique afin de déclencher et de raviver des luttes contre la corruption et l’exploitation des masses, pour amener les habitants à s’impliquer davantage dans la gestion de la chose publique afin de faciliter la bonne gouvernance et à s’adonner au travail pour pouvoir créer de la richesse.