Dans cette perspective, une rencontre s'est tenue dans la province dominicaine Dajabón (voisine avec Ouanaminthe du côté dHaïti) le 17 janvier 2018, avec les autorités migratoires dominicaines, des organisations de défense et de promotion des droits humains, des ONG internationales et des membres de la société civile de Dajabón.
Ainsi qu'un séminaire d'information sur la loi 285-04 s'est tenu à Ouanaminthe le lendemain, sous le leadership de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) du côté d'Haïti, le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Refugiés (GARR), le Service Jésuite aux Migrants/Solidarite Fwontalye (SJM/SFw-Haïti) à l'attention des mêmes catégories d'acteurs. Cette rencontre visait à «Nous permettre de nous mettre d'accord pour commencer l'impression de la carte du Résident Frontalier et pour mener un plaidoyer pour aboutir à une loi réciproque en Haïti», font savoir les organisateurs de la rencontre.
Les autorités migratoires dominicaines et les autres acteurs se sont mis d'accord pour débuter avec l'impression de 3000 cartes au cours de cette année. Un frais non encore défini sera dans la liste des conditions pour pouvoir bénéficier de la carte du Résident Frontalier. Et, les zones ciblées sont : Ouanaminthe, frontière avec Dajabón ; Anse-à-Pitres, frontière avec Pedernales ; Malpasse, frontière avec Jimani, et Belladère, frontière avec Elias Pinas.
Le hic est que les acteurs dominicains auraient des attentes totalement différentes que les acteurs haïtiens au sujet de la finalité de la carte du Résident Frontalier.
Interrogé par un participant lors du séminaire d'information du 18 janvier à Ouanaminthe, sur l'importance de la carte, le directeur de l'OIM du côté dominicain, Santo Miguel Ramon a expliqué, avec un luxe de détails, comme la carte du Résident Frontalier va faciliter les Haïtiens pour aller acheter en République dominicaine.
«Le marché frontalier à Dajabón fonctionne seulement les jours de lundi et vendredi. En plus, pour les commerçants haïtiens ayant un visa dominicain, leur passeport peut être épuisé en seulement un mois s'ils voyagent régulièrement car le passeport haïtien n'a que 28 pages», souligne le responsable de lOIM en République dominicaine.
Santo Miguel Ramon a aussi précisé que la loi 285-04 a été prise suite à un plaidoyer de la société civile dominicaine.
Ce qui a permis à plusieurs participants de conclure que «L'initiative de la carte du Résident Frontalier est un coup de maître des membres du secteur privé dominicain pour leur permettre de déverser avec plus de facilité leurs produits en Haïti».
De son côté, le responsable de Plaidoyer de GARR, Geralda Sainvil qui prenait la parole après les propos de Santo Miguel Ramon, avance «En tant qu'organisation de défense et de promotion des droits humains, nous croyons qu'il est important pour qu'il y a des documents pour régulariser les relations des deux peuples pour encourager le vivre ensemble".
Donc, il est clair que les acteurs dominicains souhaitent renforcer leur présence sur le marché haïtien, tandis que les acteurs haïtiens souhaitent profiter de la carte du Résident Frontalier pour diminuer les actes de violation des droits des ressortissants haïtiens en République dominicaine et de renforcer la cohabitation entre les deux peuples.
Et tant donné les attentes des acteurs sont différentes, qu'est-ce qui se passera-t-il quand l'une des parties devra constater que ses objectifs ne peuvent pas être atteints après en avoir consacré tant efforts?
Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
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