Sénateur Jacques Sauveur Jean s’incline devant président Jovenel Moïse

Le sénateur Jacques Sauveur Jean s'inclinant devant le président Jovenel Moïse dans la soirée du 14 août 2017 à Ouanaminthe | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / de Nord-Est Info

En Haïti, même avec la tête tenue bien droite sur les épaules, baisser les yeux en parlant avec quelqu’un est considéré comme un signe de timidité, de gêne, de manque de confiance en soi ou de domination. Soulignons, toutefois, dans le milieu rural les enfants sont souvent réprimandés pour avoir regardé les adultes dans les yeux. Il faut aussi souligner que depuis de nombreuses années cette forme de manifestation de la soumission commence à être éradiquée même dans les endroits les plus reculés du pays.


Dans les sociétés occidentales, cette attitude est perçue comme la manifestation d’un sentiment de culpabilité.

Donc, pas besoin de parler de l’ampleur de l’inégalité d’une relation si quelqu’un se sent obliger de s’incliner devant son interlocuteur. Pourtant, c’est ce qu’a fait le sénateur Jacques Sauveur Jean face au président Jovenel Moïse,  le mardi 14 août 2017 dans la localité Gaillard.

L’élu du département du Nord-Est a exécuté la révérence au moment de presser la main au chef de l’Etat qui prenait la parole devant une foule de plusieurs milliers de pèlerins et d’habitants, à l’occasion de la fête patronale de la commune Ouanaminthe.

L’Etat haïtien est constitué de trois pouvoirs : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Et, chacun est indépendant des deux autres. Cependant, pour empêcher des dérives de la part du pouvoir exécutif qui définit et exécute « le plan de développement du pays », la constitution confère au parlement (le pouvoir législatif) un pouvoir de contrôle sur les actions de l'exécutif, via ses ministres.

La grande question, est : comment peut-on espérer que ce parlement exerce son pouvoir de contrôle sur l’exécutif si ses membres n’ont pas même le courage de regarder dans les yeux le président de la République ?

Ce sénateur pourra-t-il voter contre une décision du gouvernement ou sanctionner un ministre bénéficiant le soutien du président, même si c’est important pour le pays ?

L’intervention du sénateur Jean, le lendemain au micro des journalistes, montre que sa révérence n’était pas un accident.

Interrogé sur la faible part du budget 2017-2018 léguée au département du Nord-Est, l’élu du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) rend responsables les parlementaires du Nord-Est. « Si les sénateurs et les députés n’ont pas de communication entre eux, j’aimerais savoir de quel budget vont-ils parler ? » s’interroge Jacques Sauveur Jean.

Le budget est élaboré par le gouvernement, pas par le parlement.

Voté le 08 août à la Chambre des députés, il n’est pas encore sanctionné par les sénateurs. Toutefois, ces derniers seraient en faute, selon le sénateur-chanteur.

Jacques Sauveur Jean devrait-il blâmer le gouvernement pour avoir traité le Nord-Est en parent pauvre ou ses pairs ?

Dans cette dynamique, devrait-on espérer que le sénateur Jacques Sauveur Jean réédite le spectacle qu’a donné l’ancien député de Ouanaminthe, Luckner Noël au Champ de Mars le 14 mai 2013, en s’agenouillant devant le président d’alors Michel Joseph Martelly ?


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty