samedi 14 janvier 2017

L’administration de Jovenel Moïse s’annonce compliquée

Jovenel Moïse, le 20 novembre 2016 | par Jéthro-Claudel Pierre Jeanty / Nord-Est Info
 Moins de quatre semaines avant la prestation de serment du nouveau président haïtien, Jovenel Moïse, soit le 7 février 2017, un gouvernail difficile se charpente et attend la nouvelle équipe.

Le début de l’administration de Jovenel Moïse s’annonce compliqué, compte tenu de la situation économique et financière du pays. Ainsi que la situation politique qui ne laisse pas entrevoir de bon présage.

Pour réaliser les multiples engagements pris lors de la campagne électorale, le prochain président va besoin de fortes sommes. Or, certaines sources de financement utilisées par les gouvernements passés ne sont plus envisageables, selon des économistes.

Selon les économistes, Kesner Pharel du Group Croissance et Thomas Laline « Contrairement à Michel Martelly qui avait bénéficié des largesses de la communauté internationale et des fonds PetroCaribe, Jovenel Moïse n’aura pas toutes ces marges de manœuvres pour mettre à exécution ses promesses. Il aura les mains liées ».

«  Alors que le budget pour l’exercice fiscal est estimé à 122 milliards de gourdes, soit moins de deux milliards de dollars, les dégâts enregistrés lors du passage de l’ouragan Matthew sont chiffrés à 2.8 milliards de dollars », avance Kesner Pharel avant de souligner que les recettes domestiques collectées en vue du financement de notre budget n’ont jamais dépassé la barre de 1.5 milliard de dollars.

D’un autre côté, l’économiste a fait remarquer que les dons internationaux et les fonds PetroCaribe sur lesquels ont toujours compté les précédents gouvernements sont en train d’être réduits à une peau de chagrin. Ce sont, entre autres, argumentaires des économistes rapportés par le quotidien Le Nouvelliste qui montrent la précarité financière dans laquelle débutera le mandat du 58è président de la République d’Haïti.

Du point de vue politique, il y deux éléments majeurs à considérer. Premièrement, il s’agit des principaux rivaux de la course à la présidence qui ne reconnaissent pas la victoire de l’originaire de Trou-du-Nord (commune du département du Nord-Est), Jovenel Moïse.

Et, expérience montre que, généralement, les opposants politiques en Haïti ne s’intéressent pas à proposer une alternative à la population afin de gagner sa confiance et bénéficier de son vote aux prochaines élections. Ils consacrent la majeure partie de leur temps à manifester et à s’œuvrer pour faire échouer les actions du gouvernement.

Deuxième, c’est le fameux dossier «Guy Philippe». Dans l’éventualité que le sénateur élu de la Grand'Anse, Guy Philippe est libéré par la justice des Etats-Unis d’Amérique, tout devrait entrer dans l’ordre. Cependant, si l’inculpé est reconnu coupable et condamné, il est fort probable que des manifestations violentes, une chasse aux sorcières contre les lavalassiens et les citoyens américains, ainsi que des conflits entre pro-Guy et anti-Guy s’éclatent dans plusieurs zones du pays, particulièrement dans les départements de la Grand’Anse et de l’Artibonite.

Pour tuer de tels mouvements, les forces de l’ordre pourraient faire usage excessif de la force. Sauf s'ils trouvent un moyen pour prévenir ces turbulences.

Dans l’un ou l’autre cas, le résultat sera l’instabilité. Donc, inutile de faire appelle aux investisseurs nationaux et étrangers. Donc, un Etat en panneaux de moyen devra tout réaliser! Et, au risque du sabotage des infrastructures que le gouvernement pourrait se donner la peine de construire, ainsi que celles déjà existées.

A côté de tout cela, il faut aussi considérer le rapport de l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) révélant des indices selon lesquels Jovenel Moïse aurait blanchi des fonds. Un dossier d’ordre administratif et judiciaire que les opposants du président élu n’hésiteront à utiliser politiquement pour déstabiliser le prochain gouvernement.


Jéthro-Claudel Pierre Jeanty

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